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la fée pourrie
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20 mai 2009

On commence dangereusement à se rapprocher de la France...


m_cagoule

Défiler masqué sera bientôt hors-la-loi dans le canton de Vaud

Sur les manifs qui dégénèrent, le débat parlementaire dérape
LOI ANTICAGOULES • Le Grand Conseil vaudois vote l’interdiction de défiler masqué. Entre la droite et la gauche, les invectives pleuvent.

Le port de cagoules, de masques et de «tous autres dispositifs ayant pour effet de dissimuler le visage» sera interdit dans les manifs. Le Grand Conseil vaudois a adopté hier en premier débat (64 oui, 51 non et 5 abstentions) la loi ficelée par la ministre radicale Jacqueline de Quattro en réaction aux échauffourées survenues lors de la venue de Christoph Blocher au Comptoir suisse en septembre 2007. Une courte majorité
de députés a toutefois renoncé à inscrire au rang des délits «la tentative» et «la complicité».

La gauche et les crapules
Le rapport de force avait beau être clair d’entrée de jeu, les députés ne se sont pas épargné un débat d’entrée en matière fastidieux, parsemé de détours et de dérapages. La droite s’est ingéniée à dépeindre le tableau d’une gauche complice des casseurs et des malfrats. Pour le député de l’Alliance du centre Jacques-André Haury, «la gauche trouve toujours des arguties lorsqu’il s’agit de s’opposer au travail de la police et de favoriser les crapules».
«J’ai l’impression que la gauche est toujours du côté des délinquants», a renchéri l’UDC François Brélaz. A quoi le socialiste Olivier Gfeller ripostait en faisant un rapprochement entre le député UDC et le Ku Klux Klan. Bienvenue au Grand Conseil vaudois...
C’est pourtant à une très large majorité (90 oui, 26 non et 15 abstentions) que les députés sont entrés en matière sur la loi anticagoules. Un score qui s’explique par le ralliement d’une bonne partie de la gauche. Les socialistes et les Verts jugent excessif d’interdire par principe le port de masques ou de cagoules dans les manifs. Mais certains d’entre eux craignaient qu’en refusant l’entrée en matière, ils ne prêtent le flanc à l’accusation de laxisme. Ils n’ont donc pas suivi l’avis du rapport de la minorité de gauche de la commission, qui plaidait pour le renvoi du projet au Conseil d’Etat. Seul A gauche toute! refusait catégoriquement cette «restriction scandaleuse au droit de manifester», selon les termes du député Jean-Michel Dolivo.
A droite et au centre, pas un député ne s’est trouvé pour contester cette mesure. «L’effet dissuasif de la perspective d’être identifié favorise l’ordre public, a plaidé la radicale Martine Fiora-Guttmann, auteure du rapport de majorité de la commission. «Les casseurs causent un tort considérable au fonctionnement de la démocratie», a lancé Jérôme Christen, président du groupe Alliance du centre.

Les communes tancées
Lors de l’examen détaillé du projet, la gauche a tenté d’adoucir le texte de loi. Le socialiste Grégoire Junod a proposé que l’interdiction de défiler masqué soit l’exception, et non la règle. A l’approche d’une manifestation jugée «à risque», la commune concernée pourrait décider de bannir les cagoules. Une proposition qui a été rejetée à une assez courte majorité. Pour la combattre, la conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro s’en est prise aux autorités communales: «Les communes ont déjà la compétence d’interdire une manifestation, mais elles n’en usent pas assez souvent!»
Le projet du gouvernement a toutefois été modifié sur un point. Les députés ont renoncé d’extrême justesse (62 oui, 61 non et 1 abstention) à inscrire aussi la tentative et la complicité au rang des délits. «La tentative de port de cagoule, la complicité de port de cagoule, c’est quoi?», a ironisé Jacques-André Haury. Peut-être les députés auront-ils trouvé la réponse avant le deuxième débat, qui est agendé à mardi.

[MICHAËL RODRIGUEZ in Le Courrier]


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